L’empereur du nord

L'empereur du nordAux États-Unis, en 1933, c’est-à-dire à l’époque de la grande dépression économique, et au moment où des milliers de chômeurs cherchent une raison de vivre et fuient le Nord et la misère. La fuite, ils la trouvent dans les trains de marchandises auxquels ils s’accrochent clandestinement. Le chef des parias, c’est l’Empereur du Nord (Lee Marvin). Un autre paria (Ernest Borgnine), aidé par un jeune apprenti gangster, vulnérable et illuminé (Keith Carradine), veut supplanter L’Empereur du Nord. Les différentes phases de ces rivalités violentes se déroulent le long des voies ferrées avec poursuites infernales sur le toit des wagons et entre les roues. Climat de violence porté à son paroxysme pour le peuple de l’abîme, comme l’appellerait Jack London, et qui n’a plus rien à perdre. Au fond, il n’y a que la mort qui gagne. «L’Empereur du Nord», ou comment une société capitaliste en déclin peut faire d’hommes civilisés, des loups qui vivent en meute et chassent les dominés…

Dresse pour tuerDresse pour tuer

Le film de Samuel Fuller est dédié à Romain Gary, par amitié autant que parce qu’il est l’adaptation de son roman «Chien blanc». Le chien-loup blanc que soigne et recueille une jeune actrice de Los Angeles, a été dressé pour égorger les gens de couleur. Il fugue et revient couvert de sang. Sa nouvelle propriétaire décide de le confier à des spécialistes pour lui faire oublier ses instincts meurtriers. Mais l’un des dresseurs est noir. S’engage alors, entre dresseur et chien, un combat de volonté dont l’homme veut faire une victoire sur le racisme. Ces scènes d’affrontements et de rapports de forces sont les plus passionnantes. Utilisant à chaque fois plusieurs animaux dressés d’apparence très semblable, Samuel Fuller construit ses scènes avec une étonnante efficacité. Il ne retrouve pas tout à fait la même intensité dans les scènes où la jeune actrice est confrontée à son chien. Pourtant Krysti McNichols est non seulement très mignonne mais elle prouve qu’elle a un authentique tempérament de comédienne. «Dressé pour tuer», dernier film américain de Samuel Fuller avant le catastrophique «Les voleurs de la nuit», montre que le cinéaste est toujours le même baroudeur de l’image. Film violent et émouvant, «Dressé pour tuer» délaisse l’allégorie signifiante imaginée par Romain Gary au profit de l’action pure, du coup de poing émotionnel.

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