Tout dans les muscles!

culturistesSi les culturistes s’entraînent à des fins plastiques et non bellicistes, ce n’est pas souvent le cas des colosses auxquels ils prêtent parfois leurs traits le temps d’un film ou d’une série. Que l’on se souvienne de «L’incroyable Hulk», ce feuilleton américain dont furent tirés deux films, et dans lequel le non moins incroyable Lou Ferrigno grimaçait, vert des pieds à la tête, déambulant comme un gorille martien que l’on aurait affublé d’un pantalon déchiré. Maciste, Hercule et leurs nombreux cousins étaient pleins de bonne volonté, mais aussi prompts à cogner que l’inspecteur Harry l’est à dégainer son 44 Magnum. Et dans les deux premiers volets de la saga de Conan, Arnold Schwarzenegger n’incarnait pas un modèle de gentillesse et de générosité ! Mais Arnold, ce n’est pas uniquement Conan. Né le 30 juillet 1947 à Graz, en Autriche, Schwarzenegger découvrit le culturisme à travers les exploits cinématographiques d’athlètes tels que Reginald Park et Steve Reeves. A partir de 16 ans, il s’entraîna de façon draconienne, avec une volonté de fer, associant à ses exercices une diététique de choc, nécessaire pour accroître rapidement sa masse. En 1964, dans sa ville natale, il participa à son premier concours. L’année suivante, âgé de 18 ans seulement, il remporta le titre de champion d’Allemagne junior. Dès lors, Arnold était en route pour donner au bodybuilding ses lettres de noblesse. Sacré champion d’Europe en 1966 à Londres, il remporta ensuite cinq titres de M. Univers chez les amateurs. Répondant à la proposition de Joe Weider, le pape du culturisme, il émigra aux USA et remporta sept titres de M. Olympia chez les professionnels, record inégalé et sans doute inégalable. En 1973, son physique démentiel lui permit de faire ses débuts discrets sur le grand écran (mais Schwarzenegger peut-il faire quelque chose discrètement ?) dans «The long good bye» («Le privé») de Robert Altman. Bob Rafelson, vieux copain de Jack Nicholson, lui donna une deuxième chance en 1975 dans «Stayhungry », et le fit figurer en bonne place dans la distribution. Dans le courant de l’été 1975, le tournagedu film s’acheva, et celui de «Pumpingiron» («Arnold le magnifique»), véritable film-culte dans les milieux culturistes, commença. En dépit de ses défauts techniques – mises au point tâtonnantes, traduction simultanée – «Pumpingiron» est un documentaire passionnant, axé sur l’Olympia de Pretoria. Schwarzenegger, plein d’humour et de muscles, crève littéralement l’écran, dans tous les sens du terme. Mais en raison du peu de popularité de ce que l’on appelait à l’époque la gonflette, le film de George Butler et Robert Fiore obtint peu de succès, ce qui ne fit pas le bonheur d’Arnold, qui avait accepté d’être rémunéré au pourcentage sur les bénéfices. En novembre 1975, à Pretoria, après l’obtention de son sixième titre de M. Olympia, Schwarzenegger déclara qu’il abandonnait la compétition, mais pas le bodybuilding. Depuis cette année, il organise l’Olympia, concours sur lequel son ombre a si longtemps plané. Il reviendra cinq ans après sur sa décision une dernière fois, pour remporter son septième et ultime titre. En 1977, Ed Pressman, producteur-exécutif de «Conan» alors en pré- production, proposa le rôle-titre à Arnold après l’avoir vu dans «Pumpingiron». John Milius, engagé par Dino de Laurentiis pour réaliser le film, approuva ce choix avec véhémence. «John leur a dit que s’il ne pouvait pas m’avoir pour jouer Conan, il faudrait me fabriquer à nouveau», avoue ingénument Arnold. Avant de se lancer dans l’aventure barbare, il trouva le temps d’interpréter le rôle de Mickey Hargitay, aux côtés de la pulpeuse Loni Anderson, dans « he Jayne Mansfield story», d’après le livre de Martha Saxon. Le film, inédit sur les écrans français, est néanmoins disponible en vidéocassette, chez Polygram. Arnold eut aussi l’occasion de donner la réplique à Kirk Douglas et Ann-Margret dans «The vilain» («Cactus Jack») d’Hal Needham.

En 1979, les décorateurs de «Conan», Ron Cobb à leur 134 tête, partirent effectuer des repérages en Yougoslavie, mais la mort de Tito les obligea à quitter le pays et à réviser leurs plans. Dino de Laurentiis songea à faire tourner le film en Russie ; il fut aussi question du Canada et de l’Italie, mais Milius jeta finalement son dévolu sur l’Espagne où il avait déjà réalisé «Le lion et le vent».

En 1980, à cause du retard pris par «Conan», et compte tenu de la forme exceptionnelle dans laquelle il se trouvait pour les besoins du film, Arnold renoua avec la compétition à l’occasion de l’Olympia, qui avait lieu à Sidney cette fois. Sa victoire fut très controversée, et l’année suivante des vedettes du monde du muscle telles que Frank Zane, Boyer Coe et Mike Mentzer boycottèrent le concours pour manifester leur amertume. «Conan» sortit le 7 avril 1982 en France, cinq semaines avant de déferler sur les États-Unis. Milius et Schwarzenegger furent tous deux satisfaits du résultat. «Arnold a porté le poids du film sur ses épaules, dit Milius. C’aurait pu être un échec, et même très facilement. Mais nous avons réussi, et Arnold en particulier. C’est pour lui un succès énorme. Je pense qu’il a transposé le personnage de Conan à la perfection». Le producteur Dino de Laurentiis apprécia apparemment la prestation d’Arnold, mais pas tellement le travail de Milius, puisque, désireux d’obtenir «un style différent et un budget inférieur au premier Conan», il écarta celui-ci pour le second volet, et fit appel à Richard Fleischer. Ce dernier passa au laminoir toute la philosophie nietzschéenne sous-jacente dans le premier épisode, et fit de «Conan le destructeur» une œuvre flirtant bien souvent avec la comédie. Aux côtés d’Arnold, la pop-star Grace Jones et l’ancien joueur de basket-ball Wilt Chamberlain succédèrent à la danseuse Sandhal Bergman et au surfeur Gerry Lopez. «Ce sont deux culturistes, dit Schwarzenegger. Nous étions donc entre nous. C’est important, car je crois que le bodybuilding est une forme de philosophie». Arnold n’a pas fini de donner vie au célèbre Cimmérien créé par Robert E. Howard, puisqu’il a signé pour trois nouveaux épisodes. Mais la renommée ne lui a jamais fait perdre le Nord. Depuis plusieurs années, après avoir acquis la nationalité américaine, il dirige à Santa Monica une entreprise qui vend par correspondance cours de culturisme, T-shirts, posters, et il est l’auteur de trois best-sellers, «Arnold : the education of a bodybuilder», «Arnold’s bodybuilding for men», «Arnold’s body shaping for women», ainsi que de la splendide et volumineuse «Arnold’s encyclopedia of modern bodybuilding».

Le 28 mars 1984 fut donné le premier tour de manivelle de «Terminator», l’histoire d’un cyborg dévastateur, mi-homme, mi-machine, envoyé du futur. Sa mission : tuer la femme qui portera un jour en elle celui que l’on retrouvera à la tête des survivants de la guerre nucléaire à venir. Mais cette femme est protégée par un homme, venu du futur lui aussi. Inévitablement, l’invulnérable homme-robot et son adversaire humain se rencontreront… C’est Arnold, bien sûr, qui incarne Terminator, sous la houlette de James Cameron, co-auteur du scénario avec le producteur Gale Hurd. Et cet été, il vient de finir «Out-post», de Jim Carrera, pour qui il a, paraît-il, accepté de perdre trente kilos. Si des réalisateurs commencent à l’engager pour d’autres raisons que sa prodigieuse masse musculaire, alors sans doute faut-il voir là le signe que l’acteur commence à prendre sérieusement le pas sur le culturiste. «il y a quelque chose de commun entre le sport et une carrière de comédien : la volonté de réussir, la discipline».

Une pensée sur “Tout dans les muscles!

  • 11 juillet 2017 à 16 h 16 min
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    Salut,
    J’ai lu ton article et je retrouve la les histories que j’ai pu lire dans le livre autobiographique d’Arnold: Total Recal.
    C’est vraiment une personne très inspirante pour moi.
    Je me commence moi aussi d’ailleurs à voir les impacts de la musculation sur ma vie personnelle.

    Au plaisir de te lire.
    Guillaume

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