Seul le vent a soudain la parole

L’autre immortel, un ignoble, un pas beau. Cuir noir, casqué d’un crâne d’animal aux crocs proéminents, le monsieur ne respire pas la sympathie… Tant pis pour la vérité historique du costume, il faut que les choses soient claires. Et elles le sont : le Kurgan a une tête à claques. On ne vient pas, comme Russell Mulcahy, du pays de Mad Max sans en avoir quelques séquelles.

Sir Sean ConnerySean Connery, quant à lui, joue Ramirez le précepteur du jeune Mac Leod. Une sorte de Obi-Wan Kenobi de ce Luke Skywalker du passé. «Je n’avais pas d’appréhension à me retrouver devant Sean Connery constate Christophe McLeod – et pourtant c’est un immense acteur doublé d’un extraordinaire être humain. C’est un type rayonnant, simple, qui vit sa vie sans contrainte. Nous avons souvent dîné ensemble et nous parlions de tout… sauf du film». Dans la vallée, les techniciens s’affairent. Les cameramen rechargent le film, les artificiers allument de grands feux qui dispensent sur la lande un fog très scottish et les figurants quittent à regret leur parapluie pour reprendre leur hache, leur épée et leur bouclier. Et lorsqu’un joueur de cornemuse entonne les premières notes d’un altier «God save the Queen», les sifflets et les hurlements fusent. On a le nationalisme chevillé au corps… Un ordre impersonnel hurlé dans un porte-voix réclame le silence. Les boucliers sont ramenés devant les poitrines, les épées se dressent vers le ciel. Seul le vent a soudain la parole… L’ordre «action !» tant attendu arrive enfin, libérant les deux meutes hurlantes. Tous y vont de bon cœur et pas seulement pour justifier leur 40 livres de salaire journalier. Un inconscient vindicatif anime cette troupe d’Écossais où se mêlent, au coude à coude, bergers, étudiants, chômeurs et paysans. La hache, le bouclier et le tartant leur font retrouver l’esprit de leurs rudes ancêtres. Placés en ombre chinoise sur des pitons, les joueurs de cornemuse entrent en action. Galvanisés, les figurants se muent en guerriers. Le «coupez» hurlé à plusieurs reprises dans le porte-voix aura du mal à calmer leur ardeur. L’ombre des hooligans plane sur le champ de bataille… Tout le monde se retire enfin. Tous… sauf un, allongé de tout son long dans la bruyère. Les deux blouses blanches et la civière ne sont pas dans le script… Le docteur qui veille en permanence sur le tournage diagnostique des côtes cassées. «Autrefois, on l’aurait achevé sur place…» ironise un Mac quelque chose, un adorable gaillard de 1,90 m, faisant la queue devant le camion d’intendance. Earl Grey et scones, il est cinq heures. Les traditions sont respectées…

Sur quels critères choisissez-vous un rôle comme celui de Mac Leod ou celui de Greystoke qui ne sont pas des personnages très éloignés ?

C’est vrai, car ces deux rôles impliquaient un changement radical dans mon existence et mon comportement. Pour «Greystoke», il m’a fallu aborder l’univers des singes, me débarrasser de toutes les inhibitions de l’être humain et à la limite de mes expériences d’homme jusqu’à copier physiquement les singes dans ma démarche, mes expressions. Pour «Highlander» c’est la même ligne de conduite qui m’a poussé à essayer. Là, c’est plus dans l’esprit que dans le comportement que j’ai été amené à modifier certaines de mes inhibitions. Je suis devenu un Écossais du 17e siècle, à tel point, et vous l’avez vu, qu’on m’interdit de parler le français pour que je ne perde pas cet accent écossais que j’ai acquis en trois mois d’exercice.

Mais au-delà de l’apparence et du mimétisme physique, les deux personnages sont psychologiquement très proches.

Oui, ce sont tous les deux des instinctifs. Je crois que la jungle et le code de vie des sociétés primates ne devait pas être éloignés de l’Écosse du 17e siècle. Mac Leod est un jeune chien, il est agressif, inconscient, hargneux. Il va au devant du danger autant par ignorance que par bravoure. Lord Greystoke était aussi comme cela. Mais les expériences de la vie vont les faire changer, quand Mac Leod se retrouve à New York cinq siècles plus tard, il a toujours le même instinct, mais c’est un vieux chien, qui ne va plus affronter le danger inconsciemment, mais essayer de trouver des astuces pour gagner. Il a une connaissance des gens et des choses qui le fait réfléchir. C’est l’une des paraboles du film. Mac Leod est alors comme Silverbeard ou White Eyes, les deux vieux singes de «Greystoke», et Greystoke lui-même deviendra comme eux lorsqu’il retournera dans la jungle… avec en plus l’enseignement de ce que sont vraiment les êtres humains.

Dans «Highlander», il y a aussi le thème de l’immortalité.

L’histoire m’a beaucoup plu. Je n’ai jamais lu un script aussi bien construit, dans lequel il n’y a pas une scène superflue et une construction narrative remarquable. Les scènes drôles alternent avec les scènes choc ou les moments d’émotions et même deux remarquables histoires d’amour. Mais il est vrai que le thème central est l’immortalité. L’idée est plaisante… mais à double tranchant. Dans le film, il perd sa femme car elle vieillit et lui pas. Quand on perd la personne que l’on aime le plus au monde et que l’on ne peut même pas se flinguer, c’est dur ! Mais cette immortalité entraîne aussi des scènes marrantes comme quand il tombe dans un lac et appelle au secours car il ne sait pas nager. Il crie à Ramirez «Aide-moi, je me noie !» et Ramirez lui répond : «Imbécile, tu es immortel… ». Il coule et on le voit marcher au fond de l’eau avant de réapparaître. Ça, ce sont de bonnes idées de scénario…

Quand on est jeune, on est toujours immortel ?

Oui, c’est vrai que la jeunesse est un signe d’immortalité dans la mesure où la conscience de la mort n’arrive qu’après. A 20 ans, on ne pense pas à elle. A 40, 50 ou 60 ans les choses deviennent différentes, le temps prend une autre dimension.

Être acteur, n’est-ce pas aussi être immortel ?

C’est la force de la pellicule et du cinéma. C’est vrai que des types comme Gabin, Jouvet ou Fernandel sont toujours vivants, toujours jeunes et que l’on peut les revoir. Et même maintenant, avec la vidéo, c’est encore plus vrai, ils habitent chez nous.

Comment abordez-vous un rôle ?

De la manière la plus simple, mais aussi la plus compliquée. J’essaie profondément d’être le personnage, de penser comme lui, d’agir comme lui. Pour Mac Leod, par exemple, je suis écossais quand je monte à cheval, je le fais en toute inconscience, sans réfléchir. Il ne se dit pas avant de monter : «Je risque de me casser la gueule…» Non, il monte à son habitude, comme une seconde nature. Avec ce tartan et mon accent, je suis écossais. Dans quelques semaines à New York, je serai américain. La seule différence est que je retiens mon épée lorsque je frappe.

Vous êtes de parents français, né à New York et élevé en Suisse. De plus, vous sautez allègrement de productions françaises en films anglais ou même bientôt américain. Vous retrouvez-vous dans une quelconque nationalité ?

Je suis français. De par mon éducation déjà, aussi bien parentale que scolaire. Mais je pense qu’à l’époque où nous vivons, les frontières —du moins dans le cinéma —n’ont plus vraiment lieu d’exister. Ne serait-ce que pour des raisons commerciales. De plus en plus, la France doit s’ouvrir sur le monde, et des films comme «Paroles et musique», «Coup de foudre» ou «Cousin, cousine» le prouvent. Ce qui ne veut pas dire que l’on doit perdre notre identité au profit d’une espèce d’internationalisme. Il y aura toujours les cinémas nationaux qui feront des films typiquement pour leur pays d’origine. A partir de l’instant ou un acteur est parfaitement bilingue ou trilingue, il n’y a aucune raison qu’il ne s’exporte pas. Prenez mon prochain film, il sera coproduit par Christian Fechner.

A l’image de votre carrière très éclectique…

Éclectique n’est pas le mot, car déjà tous les rôles ne peuvent pas se ressembler et le but d’un acteur est justement d’interpréter ces rôles. Sinon, on ferait toujours le même film. Les films que j’ai faits sont peut-être éclectiques dans le fond, mais mes personnages, excepté celui de «Paroles et musique», sont souvent de la même essence : jeunes, braves, inconscients à la limite de la folie et souvent d’un grand lyrisme. C’est valable pour le jeune flic d’«Une sale affaire», pour «Greystoke», «Subway» et «Highlander».

Vous semblez mettre «Paroles et musique» à part…

Je crois que les deux caractéristiques de mon personnage sont l’excès de sentimentalisme et la force de l’innocence. Dans «Paroles et musique », ce qui m’a le plus dérangé est que mon personnage est quelqu’un d’un peu mou, je dirai presque fataliste. Il accepte les choses comme elles viennent, ce qui déjà ne me correspond pas dans la vie… Sinon j’aurais abandonné ce métier de découragement depuis longtemps. Le personnage de Jeremy correspond à l’histoire, là pas de contestation, mais pas à moi. Je crois aussi qu’il m’a manqué d’avoir plus d’échange avec Elie Chouraqui sur le tournage, plus de contact, le personnage aurait alors pu être dix fois supérieur. J’étais furieux la première fois que j’ai vu le film.

Il y a à peine trois ans on vous connaissait à peine, maintenant vous êtes l’un des jeunes acteurs les plus cotés du cinéma français. Comment vit-on le passage de l’ombre au rang de star ?

Normalement, je n’y attache ‘pas trop d’importance. De plus, quand, comme moi, on désire profondément faire ce métier depuis l’âge de 12 ans, on se prépare inconsciemment à l’espoir d’être un jour connu. Je considère que c’est une chance énorme, 95 % de chance. Après, ce qu’il faut, c’est faire du positif avec. Pour le reste, j’ai une nouvelle veste et un nouveau costume…

C’est une angoisse permanente d’être acteur, l’angoisse de devenir connu, puis, une fois que l’on est star, l’angoisse d’y rester…

Oui, tout acteur connaît sans cesse l’angoisse, à différents niveaux. Rien n’est jamais entièrement bien. A mes débuts, lorsque je suis arrivé à Paris, mon angoisse était de trouver du travail. On me demande souvent si j’ai galéré, oui, comme tout jeune acteur, j’ai fait des boulots comme vendeur de fringues pour manger, mais étant d’un naturel optimiste et désirant faire ce métier depuis tout gosse, je m’étais fait à l’idée qu’il serait difficile d’y arriver. J’ai eu beaucoup de chance, j’ai fait mon premier film au bout de trois ans, pour d’autres cela prend dix ans. Tout dépend de la passion et de la détermination, la seule chose motivante est de se dire chaque jour : «je continue, je continue… ». Effectivement, c’est plus dur de se le dire pendant dix ans que pendant deux ans. Puis, quand on commence à vous faire des offres, à vous donner des scénarios à lire ou à vous solliciter, l’angoisse devient différente, mais elle est toujours là.

Entre autres, les doutes sur le talent…

Oui, on en a tout le temps et j’en ai sûrement plus maintenant qu’avant. Ce n’est pas le coût de la production et l’argent qu’on investit sur vos épaules qui crée l’angoisse, mais le rôle à jouer. Le moment où tout va bien c’est entre «action» et «coupez», là on ne pense à rien sinon au personnage. Après on se demande si on a été bon ou mauvais, trop ou trop peu, convaincant ou plat. Et plus on tourne, plus les angoisses se multiplient. Devant une caméra on est seul, presque tout nu, il y a la confiance des autres, du metteur en scène, du public, qu’il ne faut pas trahir. C’est à la limite une angoisse plus destructive que la simple quête du boulot pour manger.

«Highlander» semble être avant tout une œuvre pour le public et Russell Mulcahy un réalisateur qui vise , les entrées…

Oui, et n’est-ce pas là la vraie destinée du cinéma ? Mais il ne faut pas en tirer des conclusions hâtives. Besson, par exemple, a fait «Subway» pour le public, à un tel point qu’il a coupé, de son propre chef, trente minutes du film, des scènes qu’il adorait parce qu’il s’est aperçu qu’elles étaient peut-être trop gratuites pour le public. Russell est pareil, il a des fois envie de se faire plaisir, mais il pense avant tout aux gens dans les salles et il se retient. C’est comme si un type inventait une nouvelle lessive simplement pour sa femme.

On a l’impression, surtout dans «Greystoke», «Subway» et «Highlander», que c’est avant tout votre lyrisme que les metteurs en scène ont utilisé…

Ce n’est vrai qu’en partie, excepté le personnage de Jeremy dans «Paroles et musique», les rôles que j’ai interprétés jusqu’à présent sont des rôles très lyriques. Ce que j’aime dans le lyrisme c’est la touche intemporelle qu’il donne aux personnages, car Greystoke et Mac Leod sont en définitive des personnages très modernes et très proches de Fred de «Subway». Leur point commun : ce sont des hommes, confrontés à des problèmes inhérents à leur condition de vie. Pour Mac Leod, par exemple, perdre sa femme et son honneur en 1536 fait aussi mal qu’en 1985. On est toujours aussi seul devant le malheur, qu’on soit paumé dans les Highlands ou entouré de monde dans le métro. Je crois que c’est simplement dans la vie qu’il y a du lyrisme. Prenez le métro, quand j’ai tourné «Subway», j’avais une impression d’étouffement, je devenais claustrophobe. Regardez le résultat à l’écran : c’est grandiose comme le désert !

Vous êtes, en fait, plus un acteur d’instinct qu’un technicien…

Je pense_ La technique est une bonne chose… qu’il faut oublier très vite. Je suis passé par le Conservatoire, mais je m’en suis vite lassé. Je n’étais pas un élève très assidu car j’ai vite compris qu’acteur on l’est ou non, mais que cela ne s’apprend pas vraiment. De plus, au Conservatoire, au bout de trois mois, vous jouez devant vos copains, et même si vous êtes mauvais, ils applaudissent quand même. Comment voulez-vous sentir ce qui va ou pas ? Se reposer sur la technique est très dangereux, je pense que les choses doivent être ressenties. Quand je parle avec vous, je suis Christophe Lambert. Dans dix minutes je serai Mac Leod, profondément et je réagirai comme tel. Ce dédoublement est important. La technique fait perdre les sensations car elle amène la réflexion. C’est comme ces acteurs qui savent qu’avec tel rictus ou tel sourire, ils sont à leur avantage et les utilisent tout le temps. C’est chiant ! Il ne faut pas jouer là-dessus.

Et Christophe Lambert dans la vie ? Comme ça, tous les jours ?

Oui… Je vis la vie d’un type de 28 ans, j’ai des amis, je sors peu, mais j’aime bien aller chez eux ou les inviter chez moi. A part cela, rien de très extraordinaire. Vous savez, les acteurs ne sont pas différents des autres…

Vous avez des hobbies, des passions ?

Oui, j’adore les jouets et les jeux, j’en ai toute une collection et on m’en offre beaucoup. Pas des jouets de collection, mais des trucs en bois, en plastique, des jouets de bain ou des robots japonais. J’en achète toujours et partout.

Vous lisez ?

Oui, comme tout le monde. Mais c’est la question piège, car en général il faut répondre correct ou chic et donner les titres de bouquins à la mode ou de trucs classiques. Moi, je lis de tout et je n’ai pas besoin de donner des titres pour épater. J’ai des périodes sérieuses, classiques même, comme j’ai des périodes polars ou bandes dessinées. J’aime beaucoup la BD.

Contrairement à un Depardieu, vous vous faites assez rare, vous tournez peu, en général un ou deux films maximum par an. C’est un choix délibéré ?

Je ne suis pas un boulimique, c’est vrai. En cela, j’ai une profonde admiration pour Gérard Depardieu parce que c’est un instinctif total, quelqu’un qui ne triche pas et est capable de faire autant de choses, de sauter de Molière à Corneau avec toujours une telle qualité et une telle grandeur. Il est stupéfiant ! Quand il a mal, il a mal, il ne berne pas le public, c’est sûrement pour cela qu’il est l’acteur le plus exceptionnel de cette génération. C’est un acteur rare, il y en a un de cette race tous les vingt ans.

Vous êtes la relève ?

C’est difficile de le dire, de plus ce n’est pas à moi de le constater. D’abord, je n’ai pas fait le dixième de ce qu’il a fait, ensuite, à partir du moment où l’on pense être bon, c’est foutu. Tourner plus de deux films par an, en étant comme Depardieu toujours aussi bon, relève de la performance. Un film c’est un long travail : «Greystoke» m’a demandé sept mois et «Subway» cinq. Et cela dépend aussi des propositions, il y a des choses difficiles à refuser. C’est pour ça qu’après «Highlander», j’enchaîne avec «Le 3e homme».

Un acteur s’use quand on le voit trop ?

Je pense que oui. A la sortie d’un film, il est normal d’en faire la promo, mais en dehors de ça on doit se faire oublier un peu, ne serait-ce que pour être plus rare, que le public ait envie de nous voir. En France, on a voulu casser la star system, faire descendre les vedettes dans la rue. Ça a dix fois plus de prétention que le système américain qui consiste à laisser à la star son aura, mais qui le moment venu, quand elle décide d’aller à une première, devient totalement accessible aux gens venus la voir. Avec ce système on ne casse pas la part du rêve, la place de l’acteur dans la société. Ce que je dis peut paraître prétentieux, mais c’est le contraire. En ce moment, personne n’y retrouve son dû : l’acteur n’a plus de privauté, il devient totalement un personnage public et le public perd son admiration, la chose indispensable à sa relation avec la star. Ça, les grands acteurs hollywoodiens l’ont très bien compris.

A vous voir travailler avec Russell Mulcahy, on a l’impression que vous êtes une bénédiction pour un metteur en scène. Jamais de problèmes, toujours d’accord pour recommencer des prises, toujours de bonne humeur. Comment abordez-vous vos relations avec vos réalisateurs ?

Les metteurs en scène avec lesquels j’ai travaillé jusqu’à présent ont une chose en commun : la passion et le professionnalisme. A partir de cela, il n’y a aucune raison pour que tout ne marche pas bien. C’est un peu scout ce que je vais dire, mais un film c’est une équipe. Si tout le monde y met du sien, tout va bien. Qu’il soit anglais, américain, australien ou français, l’important est que le metteur en scène donne de la passion à tout le monde, des techniciens aux acteurs. Un réalisateur se doit d’être un rassembleur, d’insuffler un état d’esprit aux deux ou cents personnes qui travaillent avec lui. Cela dit, ils ont tous leurs qualités propres, leur caractère et la discussion n’est jamais absente. Prenez Hugh Hudson ou Luc Besson, ils ont une chose en commun, ce sont deux voyeurs, ils savent exactement quand une scène est bonne ou mauvaise dans un contexte narratif bien précis, sur la base d’un scénario bien préparé. Chouraqui est quelqu’un qui se fie plus à son «senti» et qui est plus loin de ses interprètes que Hudson ou Besson. Le contact avec Elie Chouraqui est plus difficile et j’aurais aimé plus de discussions sur le tournage de «Paroles et musique», cela aurait peut-être modifié en bien mon personnage. Je parle professionnellement, car amicalement, Elie est quelqu’un d’adorable. Russell fait une chose étonnante : il tourne très vite. Ce doit être l’expérience du vidéoclip. Il tourne en un jour ce qu’un autre metteur en scène ferait en deux ou trois. De plus, il tourne beaucoup, ne laisse rien au hasard, utilise des tas d’angles, des gros plans, plans moyens et plans d’ensemble de la même scène pour avoir beaucoup de matériel au montage. Et là, il va réellement construire son film. Il aura tout et pourra faire exactement ce qu’il veut. Hudson aussi est un peu comme ça. Besson est un minutieux. Sur «Subway», comme nous n’avions pas l’enveloppe suffisante pour refaire certaines scènes dont il n’était pas tout à fait content, il s’est endetté lui-même pour pouvoir peaufiner son film…

Votre définition du mot acteur ?

C’est, je crois, Depardieu qui a dit la chose la plus juste sur l’acteur : «Acteur c’est être»… Alors, je suis.

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