Son enfance

«…L’enfance, c’est si important. Mon enfance m’a tout donné… Mes parents étaient toujours là. On parlait de tout…»1 «…On était trois. Mon père, ma mère et moi. Et puis, ils se sont séparés. Ça a séparé tout le monde. Avant la séparation, l’enfance, pour moi, c’était le bonheur. En Allemagne, en Angleterre, en Italie. La force que j’ai eue pour toute ma vie vient vraiment de là. De nous trois ensemble…»2

Son père Klaus

«… Je l’ai revu et aimé jusqu’à l’âge de quatorze ans, mais à ce moment-là, il a changé et ça a été fini. Je ne le vois plus. Je ne veux garder de lui que les bons souvenirs, ceux de mon enfance et notre désir commun d’être russes et polonais comme nos lointains aïeux. Nous avons tous deux l’âme et le tempérament slaves, mais nous sommes allemands…»3 «…Je n’ai jamais rencontré un homme comme mon père. Il est si fou, terrible et passionné en même temps. A cause de lui, je n’ai jamais connu rien d’autre que la passion. C’est normal pour moi. Maintenant, je rencontre des gens et je vois que ce n’est pas si ordinaire…»1

Sa mère Brigitte

(Après le départ de Klaus) «…Ma mère et moi, nous nous sommes construit une relation étrangement proche. Elle est comme le soleil qui se lève sur moi. Dans la jungle qui nous entoure, elle me protège comme une lionne le fait avec son petit. Lorsque nous parlons ensemble, l’entente est parfaite. Elle est la seule personne que je puisse vraiment aimer…»4

Les débuts au cinéma

«…J’ai été découverte dans une boîte de rock à treize ans par l’actrice Liza Kreuzer…»3«…C’était comme un petit travail. On me donnait de l’argent pour aller me faire filmer. C’est comme ça que je me représentais les choses. Je ne connaissais rien au cinéma. Par exemple, on me demandait d’aller sur un plateau. Mais je ne savais pas ce que c’était, moi, un plateau !…»2 «…J’ai tourné quelques films allemands. Le premier, «Faux mouvement», n’était pas encore terminé quand on est venu dire à ma mère que je n’étais vraiment pas faite pour le cinéma ! C’est vrai qu’à l’époque je prenais tout à la rigolade, rien n’était sérieux, je me moquais de tout ! Très vite, les journaux nous ont traîné dans la boue, ma famille et moi. Je ne comprenais pas pourquoi, j’étais fragile. J’ai perdu mes copains de classe, tout mon entourage était sur la défensive, j’étais blessée…»3 «„. Je me suis retrouvée actrice sans jamais avoir pris la décision de le devenir. Ça s’est fait au jour le jour. Et j’ai oublié toutes mes décisions de petite fille. Pourtant, j’avais plein d’idées : danseuse, peintre, prof, nurse… mais quand j’ai vu qu’au cinéma, on pouvait être une princesse, un assassin, un ange… ça m’a fascinée…»2

En passant par l’actor’s studio

«…A seize ans, j’ai décidé que je ne pouvais plus continuer à faire les choses à moitié. Les études ne m’intéressaient pas tellement, alors j’ai choisi le cinéma. Je suis partie pour New York, à l’école de Lee Strasberg… »3 «…J’ai assisté à des cours… Mais je n’étais pas sûre de vouloir en faire autant. On m’avait tout arrangé. On pensait que c’était bien que j’aille là-bas, comme les enfants auxquels on apprend le piano dès leur jeune âge. En fait, ce n’est que beaucoup plus tard qu’ils se mettent à aimer la musique…»

Tess : la consécration

«…Je connaissais Polanski depuis des années. Je l’avais rencontré dans une fête à Munich où il montait «Rigoletto» à l’opéra. Tout le monde m’avait dit de me méfier de cet affreux jojo, séducteur de nymphettes. Mais il s’est révélé le contraire de ce que les gens bêtes m’avaient dit…J’avais une grande faim de lui…J’avais vu «Le bal des vampires» cinq fois ! La première à onze ans, en cachette. J’étais complètement obsédée par ses films…Roman m’a parlé de «Tess» sans me dire qu’il pensait à moi pour le rôle. Il m’a demandé de lire le livre mais, bien entendu, j’ai complètement oublié… Quelques mois plus tard, il m’a dit : j’aimerais te donner une chance, mais ton accent n’est pas bon. Va en Angleterre étudier. J’ai couru à Londres et j’ai travaillé pendant cinq mois. Je ne sais pas si mon accent s’est amélioré mais, en tout cas, ça a marché !… Pendant le tournage, nous formions un monde à part, comme si nous étions dans une capsule spatiale tournant autour de la terre. Il y avait des gens de tous âges, la communication était parfaite, chacun d’entre nous était une pièce du puzzle, tout le monde m’aimait, c’était formidable…»3 «…J’ai tout essayé pour ressembler au personnage de Tess, pour m’identifier à elle, à ses états d’âme…»5

L’aventure américaine

«Coup de cœur» de Francis Coppola : «…Coppola est un père et un dictateur à la fois…»5 «…Il avait reconstitué l’atmosphère des studios du Hollywood de la grande époque. Son idée était d’amener les acteurs à improviser, à redevenir des enfants, à jouer comme des enfants, à se laisser aller à leurs sensations, à leur émotion aussi longtemps qu’il le faudrait, puis de tourner le film en trois semaines comme une pièce de théâtre…»3 «La féline» de Paul Shrader : «…J’ai eu tort de trop lui faire confiance…»5 «Surexposé» de James Toback : «…Ce film explique pourquoi nous sommes vivants, pourquoi nous naissons… C’est un film et une expérience que j’aime vraiment…»4

Cannes -83 pleine lune

«…Tout a déjà été dit et montré au cinéma. Jean-Jacques Beineix a essayé de montrer dans «La lune dans le caniveau» ce que l’on a profondément dans notre corps et notre âme, ce qu’on ne voit pas et qu’on ne pourra jamais attraper. Toutes ces choses que l’on ne connaît pas et que l’on n’ose pas regarder en nous-mêmes…»6

Cannes l’ éclaircie. Via Paris, Texas

«…J’ai été comme le personnage de Jane de «Paris, Texas» qui fuit un amour devenu destructeur, mais se révèle incapable d’échapper à elle-même, butant toujours sur le même obstacle comme un disque rayé…»7 «…II y a des moments où l’on est tellement vide, malheureux, que l’on ne peut rien donner à personne, que la seule issue pour survivre, c’est de s’échapper…»5 «…Moi aussi, j’ai voulu partir du monde. Je me demandais s’il y avait une façon de partir de soi-même. Il n’y en a pas : il faut être dedans soi. Jane est perdue, moi aussi je l’étais. Mais elle sait encore parler. Le peep-show, c’est peut-être plus intime qu’une conversation classique comme entre vous et moi. On s’interroge plus sur le sens des mots et on se concentre davantage sur la voix…»2

Maria et ses loves

«…J’ai toujours été fascinée par la Russie, par les pensées et les émotions si singulières que font passer les Russes. Konchalovsky, lui, cherche avant tout à exprimer des émotions très simples, mais fondamentales et qui s’accordent avec ma propre sensibilité. Pour lui, ce qui importe, c’est de réaliser dans l’amour l’harmonie entre le physique et le spirituel, entre le désir animal et l’élan de l’âme. C’est l’équilibre entre ces deux pôles contradictoires qui fait la plénitude de l’être humain et celle des rapports entre deux êtres. «Maria’s loyers» dit cela avec beaucoup de profondeur, à travers l’histoire d’un amour partagé, mais longtemps incomplet et déséquilibré entre Ivan et Maria et dans lequel vont interférer d’autres hommes…»5 «…Maria, c’est quelqu’un qui aime un homme comme les religieuses aiment Dieu. Pour son mari, déchiré par la guerre et par les morts qu’il a vus, elle a un amour absolu. Elle est dans l’enfer avec lui puisqu’il ne peut pas lui faire l’amour. Mais elle veut les sauver tous les deux…»9 «…Maria a la foi. Jamais elle ne lâche. Elle sait que l’important, c’est d’être ensemble et de s’entraider… Le métier d’actrice, c’est d’être en communion avec tous les gens qui ont vécu, ou vivent encore les joies ou les souffrances qu’on est censé incarner. «Maria’s lovers», je l’ai joué en pensant à toutes les femmes qui sont seules, tiraillées par le désir. Et puis à tous ces garçons qui reviennent de la guerre perturbés par les choses affreuses qu’ils ont vues et qui doivent continuer à vivre avec d’atroces souvenirs…»5

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