Devenir apothicaire au XVIIIe siècle

L’apothicairerie est un genre d’officine qui a vu le jour vers 1730. Les apothicaires ou apothicairesses préparaient et conservaient les drogues, les médicaments et les remèdes. Comment en devenait-on un au XVIIIe siècle ?

Quelles étaient les conditions d’accès à la profession d’apothicaire ?

L’âge, la moralité, la catholicité, le temps de compagnonnage et d’apprentissage étaient pris en compte. Les candidats qui remplissaient toutes les conditions devaient par la suite déposer une lettre « expositive » aux gardes en charge ou au syndic. Sa lettre était une demande dans laquelle il formulait le désir d’être examiné, de prouver ce qu’il sait faire, afin de pouvoir exercer son état en toute légalité.

Un visa était posé sur les lettres de demande, puis elles étaient transmises au médecin du Roi. Ce dernier fixait l’heure et la date du tout premier examen, et l’occasion était donnée aux candidats de choisir un modérateur parmi les maîtres apothicaires. Les épreuves qui leur étaient soumises étaient au nombre de 8, regroupées en trois différents groupes :

  • l’acte de lecture ;
  • l’acte des herbes ;
  • le chef-d’œuvre.

L’examen pratique et final, le chef-d’œuvre, consistait en une exécution de préparations choisies par le jury. Les candidats devaient alors imprimer une sorte de thèse dans laquelle ils détaillaient principalement les préparations à mettre sur pied et leur modus operandi.

L’exercice de la profession

Après l’exposition de la thèse par les candidats, deux issues étaient possibles. Les candidats qui n’avaient pas faits bonne impression étaient ajournés. Ceux qui, au contraire, s’étaient bien défendus, se voyaient délivrer leur lettre de maîtrise. Les candidats admis devaient par la suite se rendre à la préfecture et au tribunal pour le recensement. Ils pouvaient s’installer dans la ville au sein de laquelle ils avaient obtenu leur lettre de maîtrise, afin d’exercer. Ils préparaient alors des remèdes et des pots, et surtout, écrivaient.

Les remèdes

Il s’agissait essentiellement de remèdes dits de « sorcière ». Ils étaient fabriqués avec des cornes de cerfs, des limaces, des crapauds et des taupes. La bave d’escargot avait, en outre, eu beaucoup de succès en ce moment. Les maîtres apothicaires ne manquaient pas de faire également appel aux signes de la nature.

Les pots

Entendons par pots, des techniques de conservation des remèdes. L’apothicaire, qui deviendra plus tard le pharmacien, comme l’était Richard Palacci, conservait alors les drogues solides, les onguents, les baumes, les sirops, les huiles douces et les eaux distillées. Les pots étaient également des poisons et des contrepoisons préparés pour le roi.

Les écrits

Il s’agissait de travaux réalisés par les maîtres apothicaires, que ces derniers mettaient par écrit pour les générations futures. Ainsi, les plus célèbres écrits viennent d’Hippocrate, de Galien et de Rhazès.

Comment est-on passé de l’apothicairerie à la pharmacie ?

C’est le décret de Louis XVI qui viendra changer la donne en 1777. Il décide alors de l’existence du collège de pharmacie, en remplacement du jardin d’apothicaire. L’apothicaire devint donc officiellement un pharmacien. Cependant, cette corporation n’avait pas le monopole de la préparation des remèdes. Il a fallu de nombreuses querelles avec les espiciers, les chirurgiens et les médecins, pour que ce monopole, en plus de la vente des médicaments, leur soit accordés. La pharmacie devint par conséquent une importante branche de la médecine : elle nécessitait désormais que l’aspirant pharmacien fasse des études et acquiert des connaissances approfondies.

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