Le pape de Greenwich village

Le pape de Greenwich villagePrésenté au Festival de Deauville 1984 sous son titre original («Village dreams»), ce film de Stuart Rosenberg est sorti en coup de vent sur nos écrans, faute d’un lancement publicitaire convenable. C’est dire qu’il est intéressant de le découvrir aujourd’hui si on l’a manqué en janvier dernier. L’action est située à Greenwich Village, le quartier artiste-bohème de New York City. Charlie et Paulie, qui sont vaguement cousins, travaillent dans le même restaurant Charlie comme maître d’hôtel, et Paulie comme serveur. Les malversations de celui-ci, irresponsable tête brûlée, conduisent le patron à les renvoyer tous les deux. Si bien que Charlie n’a plus le choix quand son douteux acolyte lui propose un «coup» : s’emparer d’un confortable magot. Paulie oublie simplement d’avertir son partenaire que l’argent appartient à un redoutable mafioso local. Voilà notre duo traqué par des tueurs sans merci, et par des flics véreux qui convoitent eux aussi les billets verts… Rosenberg (l’auteur de « Luke la main froide» avec Paul Newman) a du savoir-faire à revendre. Il a ficelé adroitement cette excellente série B : policier sur fond de documentaire, description du quartier et de ses mœurs (la visite inopinée des flics chez une terrible douairière jouée par Géraldine Page). On y retrouve avec plaisir Mickey Rourke, la révélation de «Rusty James», et l’impressionnante Darryl Hannah, qui fut l’androïde de «Blade runner», la sirène de «Splash» et la lycéenne de «Reckless». Une fille à suivre…

Sueurs froides

Sueurs froides«Sueurs froides» (Vertigo) fait partie de cette poignée de films en technicolor, distribués par Universal et invisibles depuis plus d’une décennie : «La corde», «Fenêtre sur cour» (qui sont déjà aussi en vidéo), «Mais qui a tué Harry ?» etc. «Sueurs froides» est, peut-être le plus célèbre du lot, mais pas le meilleur… Bien sûr, il y a la fantastique musique de Bernard Herrmann, les scènes de vertige et la double composition de Kim Novak en blonde et en brune. Mais il y a surtout cette longue histoire d’amour parallèle et inversée qui est la structure même du film et du livre des Français Boileau et Narcejak, «D’entre les morts», dont Hitchcock s’inspire. Scottie Ferguson est radié de la police parce que, sujet au vertige, il a été la cause indirecte de la mort d’un autre policier lors d’une course poursuite sur les toits. Pour survivre, il accepte de surveiller une jeune femme névrosée et suicidaire dont il s’éprend jusqu’au jour où elle monte à un clocher et se jette dans le vide. Scottie ne s’en remet pas. Beaucoup plus tard, il rencontre une autre jeune femme, étrangement semblable à sa cliente. Fasciné par elle, il va lentement la métamorphoser pour ressembler à la morte et l’entraîner sur le clocher fatidique… où il vaincra son vertige et découvrira la vérité. Moins construit comme les autres habituelles machines à rebondissements et coups de théâtre hitchcockiens, «Sueurs froides» est d’abord un mélodrame d’amour fou qui cache un mystère. La place faite aux acteurs est plus belle et la double fascination amoureuse Stewart-Novak puis Novak-Stewart offre aux deux comédiens des morceaux de bravoure rêvés pour exprimer toute une gamme d’émotions violentes et tendres.

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